Une momie sans cœur !

ANUBIS ET LA MOMIE

Jeudi 24 avril 2014

Découvrir une momie égyptienne près de Louksor n’a rien d’étonnant pour des archéologues. Mais là où leur propre cœur s’est emballé, c’est en examinant le corps de cette femme dont l’âge a été estimé environ à 1700 ans grâce aux techniques de datation au radiocarbone. Le cerveau, d’habitude retiré dans les momies, était intact. Mais son cœur avait disparu ! C’est très rare.

Dans les croyances traditionnelles égyptiennes, le cœur représentant l’intelligence et la conscience demeurait dans le corps pour assurer au défunt une vie après la mort. Retiré avec les intestins, l’estomac et le foie, il aurait peut-être été placé dans les vases canopes destinés à recueillir les viscères embaumés.

Pour comprendre ces pratiques funéraires, il faut remonter à Osiris, époux d’Isis. Dieu funéraire, juge des âmes et roi mythique de l’Égypte antique, il fut l’inspirateur entre autres de la religion et de l’agriculture. Il est assassiné, puis démembré par Seth, dieu belliqueux de la violence et du mal. Anubis, son fils adultérin avec Nephtys, participe à la reconstitution du corps d’Osiris, inaugurant ainsi la pratique de la momification. Ci-contre, la photo représente Anubis penché sur une momie. Le patron des embaumeurs est représenté avec une tête de chacal. En accueillant les défunts, il les rendait imputrescibles et éternels. Il purifiait leur cœur et leurs entrailles souillés par l’ignominie terrestre. Anubis évaluait les âmes par la pesée du cœur (psychostasie) dans l’au-delà devant le tribunal divin présidé par Osiris. C’est pour cela que l’organe vital devait rester intact. Le cœur du défunt, siège de sa conscience et de ses pensées, est déposé sur le plateau d’une balance, tandis que se trouve sur l’autre une plume d’autruche symbolisant Maât, déesse de la vérité et de la justice. Si le cœur pèse autant que la plume, le mort qui a vécu selon les règles de la morale peut accéder à la vie éternelle. Mais, si le cœur pèse plus lourd, il aura vécu dans le mal et sera avalé par le monstre à tête de crocodile, Ammit, la dévoreuse des âmes impures.

Pesée du coeur

Alors pourquoi cette femme n’avait-elle plus son cœur ?  Aurait-elle été si mauvaise  pour que son cœur soit immédiatement dévoré par Ammit ? Les scientifiques canadiens, auteurs de cette étrange découverte, vont analyser les tissus retrouvés dans ces vases funéraires pour confirmer cette éventuelle hypothèse de conservation.

Le mystère plane. Les embaumeurs auraient-ils été les précurseurs du don d’organe ?