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Imbroglio

J’écoutais sereinement la radio, lorsqu’une prononciation d’un mot me fit tressauter. Une voix ingénue évoquait une situation inextricable qu’elle qualifiait « d’embroglio rocambolesque ». Ne rajoutons pas d’embrouille dans cet imbroglio déjà fort compliqué… Notre Larousse national précise la prononciation de notre mot grâce à l’alphabet phonétique français : ɛ̃brɔljo ] ou ɛ̃brɔglijo ], accordant nos violons, tout du moins pour cette première syllabe.

voyelles nasales

Voyelles nasales de l’alphabet phonétique français

Ainsi, notre voix radiophonique aurait dû prononcer « imbroglio » comme le phonème [ɛ̃] ou « im » le précise. Le phonème erroné [ɑ̃] ou « em«  ne fait qu’embrumer cette situation confuse qu’est déjà par nature notre imbroglio. Pour chanter ce joli mot italien, deux prononciations sont possibles selon notre cher dictionnaire. À l’italienne, nous chantons « imbrolio » du fait du gl italien mouillé où le g ne se prononce pas. À la française, le g devient sonore et notre « imbroglio » se gausse alors de son origine transalpine !

Ce nom masculin, attesté en France qu’à la fin du XVIIe siècle, tire son origine de l’italien imbrogliare, « embrouiller ». Un imbroglio désigne une embrouille, c’est-à-dire une situation compliquée et peu claire. Ses synonymes foisonnent et parlent d’eux-mêmes : embrouillamini, méli-mélo, micmac, sac de nœuds, enchevêtrement, chaos, etc. L’univers théâtral accorde à l’imbroglio une place privilégiée au titre de pièce de théâtre à l’intrigue fort compliquée, empreinte de rebondissements parfois farfelus. Citons Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (1784) comme parfait imbroglio, à l’époque écrit imbroille. Les fils de l’intrigue s’enchevêtrent tout au long des cinq actes de La folle journée. Le comte Almaviva désire Suzanne, la fiancée de Figaro, valet du comte. Or Marceline, courtisée par Bazile, veut épouser Figaro redevable d’une dette envers elle. La comtesse Rosine espère bien reconquérir son mari, malgré les charmes de Chérubin batifolant de surcroît avec Fanchette. Avez-vous bien démêlé la situation emberlificotée a capriccio ?

livre mariage de figaro

A capriccio ? Ne nous laissons pas déborder par l’ensorceleuse langue italienne et résolvons promptement cette énigme. Du terme capriccio, « caprice », forme musicale, découle cet adverbe A capriccio. Il signifie en musique, à volonté, librement. In fine, puisque votre chemin vous mènera inexorablement à Rome, régalez vos yeux de portraits peints par Modiliani (Modigliani francisé), et vos papilles par de délicieuses taliatelles (tagliatelles francisées) Vous l’aurez compris, le g brille en Italie par son absence devant un l mouillé. Choisissez votre camp…

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Portrait de madame Survage par Modigliani (1918)

 

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Tagliatelles au saumon fumé

     

Arrhes, ars, hart, are et art.

L’art de la langue française est de réunir des mots qui n’auraient eu aucun atome crochu à deviser ensemble, et qui pourtant cheminent côte à côte liés par la musique de leur sonorité. Ils nous donnent bien des maux à les écrire correctement, jouant à cache-cache avec leur acception, plus clairement leur sens. 

Sur le pont des Arts,
Calèches et chevaux
Frayés aux ars,
Musiciens, danseurs et badauds,
Animent Lutèce, capitale de l’art.
 
Au-delà, des horizons d’ares
Aux paysages verdoyants,
Fagots de bois liés à la hart,
Autant de coloris chatoyants,
que de promesses d’arrhes
 

Tout un art de bien écrire ces homonymes AR…tistiques. Penchons-nous un court instant sur cette homonymie. Du grec homos, « semblable, identique » et onoma, « nom, mot », les homonymes sont des mots qui s’écrivent ou se prononcent de la même façon, mais dont le sens est différent. Ils prêtent parfois à confusion. Ex. Des arts aux arrhes, il n’y a qu’une oeuvre… d’art. Des arrhes pour quelques ares ou bien des ares pour quelques arrhes, au choix. Les homophones (de homos, « semblable » et de phonê, « voix ») et les homographes (de homos, « semblable » et de graphein, « écrire ») sont des mots qui se prononcent et s’écrivent de la même façon. Ex. être (nom) et être (verbe) ; moule (mollusque) et moule (récipient). Les homophones et les hétérographes (de heteros, « autre » et de graphein, « écrire ») sont des mots qui se prononcent pareillement, mais s’écrivent autrement. Enfin, les hétérophones (d’heteros, « autre » et de phonê, « voix ») et les homographes se prononcent différemment, mais s’écrivent de la même manière. Ex. fils (enfant) et fils (à coudre) ; couvent (lieu de retraite) et couvent (du verbe couver). 

Nos mots artistiques du jour sont donc des homophones et des hétérographes : à même prononciation, écriture diversifiée.

Les arrhes nous donnent bien souvent du fil à retordre tant son écriture est savante. Du latin arrha, abréviation du grec arrhabôn, « gage », des arrhes, nom féminin pluriel, sont une somme d’argent versée par l’une des parties à la conclusion d’un contrat pour en assurer l’exécution. L’italien ancien accapparrare, « donner des arrhes », serait à l’origine du verbe accaparer désignant au XVIe siècle l’action « d’acheter en donnant des arrhes ». Verser des arrhes résulte en une promesse d’achat qui ne garantit en rien la bonne orthographe… 

L’ars d’un cheval est le point de jonction entre chaque membre antérieur et le poitrail. Nom masculin invariable, son étymologie est latine, armus, « épaule ». Un cheval « frayé aux ars » qualifie un équidé blessé dans l’inter-ars par des frottements provoquant une inflammation, des écorchures ou des gerçures. L’expression « saigner un cheval aux ars » rappelle que ce pli qui se remarque à la réunion de la poitrine et du membre antérieur du cheval, est l’endroit ou l’on pratique quelquefois la saignée.

Mot méconnu issu du vieux bas francique hard, « branche », de l’ancien français hart, « grosse branche » ou bien encore du latin artus, « branche, rameau » employé par Pline l’Ancien, la hart est un nom féminin. Au passage, le vieux bas francique constitue la langue originelle des Francs, classée dans le groupe bas allemand, bas signifiant « du nord, proche de la mer, des basses terres ». Le sens premier de hart est un lien de bois fait d’osier ou d’autre bois fort souple, avec lequel on lie les fagots pour les porter. Elle désigne également la corde servant à pendre les criminels condamnés ou le nom de ce supplice. Ex. À mort ! Oui, à la hart ! À la hart ! Enfin, par extension, la hart est un outil en fer, une chevillette courbée en demi-cercle et fixée à la muraille, sur laquelle le gantier et le peaussier passent et étirent les peaux. La hart est bien un homophone des autres arrhes, ars, are et art, puisque le t final ne se prononce et ne se lie jamais. Ex. La har(t) au cou. 

L’hectare (ha), unité de mesure de superficie, est un multiple de l’are, et représente 100 ares ou 10 000 m2. Nom masculin, le mot are vient du latin area, « aire, surface », et désigne une unité de mesure des surfaces agricoles valant 100 m2. Son symbole est a. Un centiare (ca) est une subdivision de l’are, soit un centième d’are valant 1 m2. Nous obtenons donc l’équation :

1 ha = 100 a = 10 000 ca = 100*100 m2 = 10 000*1 m2 = 10 000 m2.

Que dire de l’art qui parle de lui-même. Son t final atteste de son origine latine ars, artis, « savoir-faire, métier, habileté, talent ». À la fois aptitude à réaliser quelque chose, ensemble des règles régissant une profession, créations d’objets ou de mises en scène, et ensemble d’œuvres artistiques, l’art dépasse toutes les frontières. Il ne répond qu’à son instinct. 

« L’art est beau quand la main, la tête et le cœur travaillent ensemble »
John Ruskin, critique d’art britannique (1819-1900)
 
« Tous les arts sont frères, chacun apporte une lumière aux autres »
Voltaire, écrivain et philosophe français du XVIIIe siècle (1694-1778)
 

 

Pétrichor

pluie et pétrichor

Pluie et pétrichor

Imaginez, sous une pluie battante, un cameraman braquant son imposante caméra à très grande vitesse sur de microscopiques gouttes d’eau. On pourrait ainsi penser qu’il veut soumettre son matériel de haute technologie aux rudesses de la nature et en tester son étanchéité, ou bien plus sérieusement qu’il participe à une thèse de physique sur la vitesse de chute ou la variabilité de taille des gouttes d’eau. Ce fut peut-être le cas, qui sait ?

Et si je vous apprenais que ce cameraman a ainsi contribué à percer le secret de l’odeur de la pluie. Vous savez, cette bonne odeur que nous humons lors d’une promenade estivale en sous-bois après avoir essuyé une bonne averse. Remontons le temps jusqu’en 1964, année où Martin Luther King reçut le prix Nobel de la paix sur fond musical des Beatles ou autres Rolling Stones. Cette année-là, deux géologues australiens, Isabel Joy Bear et Roderick G. Thomas orientent leurs recherches sur l’odeur particulière que prend la terre après la pluie. Ils inventent alors le néologisme (mot nouveau) de pétrichor dénommant ainsi le liquide huileux sécrété par certaines plantes qui ruisselle de certaines roches pendant les périodes sèches, et qui après la pluie, exhale une odeur agréable. Cette découverte fut publiée dans la revue anglaise scientifique de référence Nature. Par l’usage, ce nom a été généralisé à l’odeur de la terre sèche après la pluie.

L’étymologie grecque du mot pétrichor se forme par la contraction de petros, « pierre » et de ikhôr, « sang, sérum, fluide ». Dans la mythologie grecque, l’ichor est le sang des dieux, différent de celui des mortels. C’est à l’origine, un terme médical ionien (dialecte du grec ancien) qui qualifie la sérosité unique du sang des dieux en opposition au sang des êtres humains. De même, les dieux ne se nourrissent ni de pain ni de vin mais de nectar et d’ambroisie, des substances divines qui les empêchent de vieillir. 

Scientifiquement parlant, le pétrichor représente la réaction du sol provoquée par une pluie froide sur une terre sèche et chaude. Ce choc thermique va permettre de libérer de la part des racines et des rhizomes des végétaux, un liquide sous forme d’huile qui sera ensuite absorbé par les éléments environnants : les roches, la terre et l’air ambiant. Cette huile leur permet de supporter la sécheresse. Notre cameraman mouillé a pu déceler au ralenti que lorsqu’une goutte d’eau s’écrase au sol, elle enferme de petites bulles d’air (ou aérosols) qui sont ensuite projetées vers le haut dispersant ainsi le délicieux parfum de la pluie jusqu’à notre nez. Ce bouquet du pétrichor se combine avec la géosmine, composé organique d’origine bactérienne formé avec l’humus donnant un goût terreux pouvant parfois contaminer le vin ou l’eau potable. 

Pour les acteurs de la nature, le pétrichor annonce le retour de la pluie et dans son sillon, de belles promesses à l’approche des moissons. Aux prochains orages, n’ayez pas peur d’ouvrir vos sens aux fragrances telluriques et de nous partager vos sensations olfactives.

Dithyrambe

Il est des adjectifs plus connus que les noms dont ils dérivent. C’est le cas pour dithyrambique, « très élogieux ou d’un enthousiasme excessif », adjectif que l’on ne sait jamais bien écrire tant il paraît alambiqué, d’une subtilité excessive. Or le sens premier de ce mot est : « Qui appartient au genre poétique du dithyrambe » ; ainsi parle-t-on d’un poème ou d’un chant dithyrambique. Mais alors qu’est-ce qu’un dithyrambe ? D’où vient ce mot aux accents tyranniques dicté par la loi des i et y, sans parler de ce satané h

L’étymologie du dithyrambe est incertaine.  Du grec dithurambos, on peut le décortiquer par dis, « deux fois », thura, « porte » et ambainô, « je passe ». Autrement dit cette origine de di-thura, « double porte » ferait allusion à la double gestation du dieu Dionysos. En effet, il serait le seul dieu né d’une mère mortelle, Sémélé, maîtresse de Zeus. Tout d’abord sorti du sein de sa mère, Zeus l’aurait cousu dans sa cuisse afin de mener sa conception à terme, avant de le ressortir une seconde fois. Il n’y a que la mythologie pour nous faire partager de telles légendes. Dionysos connaît donc deux naissances, ce qui lui vaut l’épithète du « le deux fois né ». Un autre surnom attribué à notre dieu serait notre mot dithyrambe. Dieu de la vigne, du vin et de la démesure, il est aussi le dieu du théâtre et de la tragédie. Il a été adopté par la Rome antique sous le nom de Bacchus. L’autre étymologie possible proviendrait du latin dithyrambus, « poème consacré à Bacchus » dont le surnom aurait également été thriambos. Du grec au latin, le dithyrambe hésite, peut-être happé par les vapeurs vinicoles…

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Statue de Dionysos

Le sens premier de dithyrambe se retrouve donc à l’antiquité grecque. C’est un poème lyrique ou cantique en l’honneur de Dionysos, dansé et chanté par des choristes déguisés en satyres, sous la conduite d’un coryphée, le chef du chœur. Les satyres sont les compagnons de Dionysos et forment le « cortège dionysiaque »; demi-dieux, ce sont des personnages à corps humain, à cornes et à pieds de bouc. Le dithyrambe est caractérisé par une faconde (abondance de paroles) désordonnée et exubérante, utilisant à outrance les hyperboles permettant de mieux frapper les esprits, au sens figuré j’entends… « Mourir de soif », « n’avoir que la peau et les os », « cinquante millions de fois » sont des exemples d’hyperboles. Ce dithyrambe aurait été improvisé lors des dionysiaques, fêtes célébrées en l’honneur du dieu grec, et dont les buveurs en délire étaient frappés par la foudre du vin !

satyre

Satyre

Ce poème, chanté en chœur et au son des flûtes, fut inventé vraisemblablement par le poète et musicien grec Arion de Méthymne au VIe siècle. Strophes et antistrophes composent la forme du dithyrambe. Le chœur dithyrambique dit cyclique était formé d’hommes ou d’enfants, qui se déplaçaient en cercle en chantant et en dansant autour de l’autel dionysiaque. La strophe répondait aux mouvements des choreutes allant de droite à gauche, puis l’antistrophe était chantée de gauche à droite. Des concours de dithyrambes s’organisent à Athènes avec l’hautbois double dit aulos ou double flûte. Le dithyrambe devient alors un véritable genre littéraire et demeure à l’origine de la tragédie grecque. Les hymnes dithyrambiques de Pindare et Philoxène, poètes et compositeurs grecs du Ve siècle sont les plus célèbres. Au cours du temps, le dithyrambe évolue, la mélodie musicale prend le dessus sur les vers poétiques et les joueurs de flûte et de lyre sont très convoités. 

Choeur dithyrambique

Chœur dithyrambique

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Joueur de double flûte

Inspiré par cette exubérance lyrique, le dithyrambe désigne au sens figuré, un éloge enthousiaste, très souvent démesuré, exagéré. Ces louanges excessives, pompeuses et grandiloquentes ont pris racine dans les fêtes dionysiaques, et ce pour très longtemps… Dans ce sens littéraire, le dithyrambe côtoie un synonyme alambiqué lui aussi, le panégyrique. Ce dernier mot décrit un discours à la louange d’une personne ou d’une nation illustre. Ironiquement, l’effet est inversé et l’éloge devient médisant : Voilà un beau panégyrique ! 

L’orthographe de ce mot dithyrambique de dithyrambe a pris des allures échevelées à l’image de la vie tumultueuse de Dionysos. Quoi que l’on fasse, il faudra toujours s’en méfier.

Coquecigrue, calembredaine et billevesée

Des mots aussi extravagants que cocasses, écoutez-les nous conter des fariboles, trêve de balivernes !
S’amuser avec la langue française, en voilà un joli passe-temps.
Chacun apporte sa nuance dans la sottise…
 

La coquecigrue, aussi saugrenue soit-elle, nous apporte autant de rêves que de chimères. Ce mot fantasque, alors écrit sous l’orthographe cocquecigrue, fut inventé au XVIe siècle par François Rabelais (1494-1553) dans son deuxième roman, Gargantua. Le royaume de Grandgousier, le bon roi et père de Gargantua, est envahi par le mauvais roi, Picrochole. Rabelais raconte comment Picrochole, vaincu et chassé de son royaume, fut avisé par une sorcière que son royaume lui serait rendu à la venue des cocquecigrues. Cela signifiait jamais ou bien de nos jours, quand les poules auront des dents. Cette coquecigrue, parfois écrite coxigrue, incarne un être chimérique, imaginaire et burlesque (comique et extravagant). Comme son nom l’indique, cette créature fabuleuse serait un beau mélange du coq, de la cigogne ou de la ciguë, et de la grue. Elle serait d’ailleurs friande de cette plante très toxique qu’est la ciguë, grande, petite, blanche ou aquatique. Ces sortes d’oiseaux migrateurs se déplaceraient en bandes, mais à l’approche d’un humain, s’envoleraient aussitôt vers le ciel, devenant invisibles. 

Coquecigrue

Mais la coquecigrue n’a pas fini de nous surprendre dans sa sémantique. Au sens figuré, elle s’apparente soit à un propos dénué de sens, autres baliverne, sornette, sottise, conte à dormir debout, billevesée, calembredaine, soit à une illusion, une chimère, un fantasme. Elle apparaît dans les expressions Débiter des coquecigrues pour « raconter des histoires ou mentir », et Regarder voler des coquecigrues pour « se faire des illusions, s’occuper de choses inexistantes, voire ne rien faire du tout ». Par métonymie, la coquecigrue désigne une personne qui raconte des sottises, femme ou homme bien sûr !

Le règne végétal aurait lui aussi sa coquecigrue, l’Ononis natrix ou Ononis jaune, plante de la famille des Fabacées. Elle fleurit dans les prairies sèches et incultes, et semblerait ne pas éclore en Bretagne, Normandie et Nord de la France. Là où le climat ne rime guère avec le mot sec me direz-vous… Sa vertu diurétique serait appréciée pour soigner les rhumatismes. 

Ononis natrix

Ononis natrix

En littérature, Jules Renard écrivit en 1893 une oeuvre romanesque de contes et nouvelles, coquecigrues. Il dépeint des portraits humains avec humour et dominés par l’ironie du désespoir.

Coquecigrues

Dans la saga Harry Potter magistralement écrite par la romancière britannique J.K. Rowling, Coquecigrue ou coq est le nom du hibou de Ron, l’ami de Harry. C’est un hibou minuscule mais très joyeux et très vif. Il vole dans tous les sens dès que l’on lui confie un message. 

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Harry Potter et Coquecigrue

Le compositeur et pianiste Érik Satie (1866-1925), adepte de l’autodérision, de l’ironie et de l’humour, nomme sa seconde pièce des Cinq grimaces, coquecigrue. Cette musique de scène écrite en 1915 sera composée pour la pièce de Shakespeare Le songe d’une nuit d’été adaptée par Jean Cocteau.

Résonnant d’un même écho que la coquecigrue,
les mots calembredaine et billevesée racontent eux aussi des fadaises abracadabrantes.
 

La calembredaine, nom féminin, se décline le plus souvent au pluriel. Son origine serait suisse par le mot calembourdaine, de bourde, « plaisanterie ». Des calembredaines sont des histoires absurdes, d’extravagantes sottises, de belles coquecigrues et de remarquables billevesées.

Finissons en beauté par ce mot rare de billevesée. Nom féminin et le plus souvent pluriel, comme ses deux complices de calembredaine et de coquecigrue, des billevesées sont des propos vides de sens, des balivernes, des discours frivoles et ridicules, des idées creuses, ou bien des idées chimériques. Il est surprenant de découvrir qu’il provient de l’ancien français billevese désignant une cornemuse ! De beille, « boyau » et de veser, « gonfler », une billevesée est également une outre pleine d’air, tout comme la nature des choses exprimées. Molière (1622-1673) dans Les femmes savantes aime à faire de la prose avec ce mot léger : Tous les propos qu’il tient sont des billevesées

Gardons en mémoire que nous sommes tous libres d’écrire nos pensées.
Traits de génie ou jolies coquecigrues,
l’essentiel n’est-il pas de libérer sa plume ou sa parole ?