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UNE BD À DÉCOUVRIR : « CELLE QUI NOUS COLLE AUX BOTTES » de Marine de Francqueville

Voilà comment tout a commencé !

Jeune autrice et réalisatrice de films d’animation, Marine de Francqueville nous raconte sa première BD qui colle , non seulement aux bottes, mais aussi à l’air du temps.

« Dans une époque de prise de conscience des enjeux écologiques », cette talentueuse scénariste et illustratrice tente, auprès de son père céréalier, une réconciliation inédite entre productivité et respect environnemental.

À vélo, à pied, l’autrice tente de comprendre ce monde où tout s’accélère, où tout perd le contrôle, où les catastrophes s’amoncellent comme un tas de pesticides.

Du chasseur-cueilleur au maraîcher bio, en passant par l’agriculture conventionnelle et l’agroforesterie, autant de « chemins broussailleux » qu’éclaire, d’une lanterne bienveillante, « Celle qui nous colle aux bottes ».

Marine de Francqueville aiguise son sens de l’humour au travers de dialogues et dessins diaboliquement vivants et expressifs.

Dans une discussion, rien n’est jamais gagné d’avance, mais notre artiste en herbe a décidé de tenter le coup, et c’est plutôt un coup de maître !

À lire sans modération, en bottes ou en baskets.

LECTURES D’ÉTÉ : LA DISSONANTE de Clément ROSSI

Je referme, à l’instant, le récit de Clément Rossi au titre, et mystérieux, et musico-poétique, LA DISSONANTE.

De la maestria pour ce premier roman mené à la baguette.

Mes mots se perdent, s’oublient, devant une telle minutie, chirurgie devrais-je dire, d’images littéraires et philosophiques trahissant, sans détours, les états d’âme des personnages.

« Sans avoir appris, je savais lire. Durant cet examen, une voix étrangère avait parlé à travers ma bouche. Une conscience supérieure avait fait de moi son véhicule, et avait désintégré par son intervention  le mur contre lequel j’allais me fracasser. On m’était venu en aide. On m’avait élu. C’était la preuve que j’avais un don. »

Une écriture belle, lente, distinguée, humaniste.

Un art d’écrire transperçant, aiguisé et pénétrant.

Les pages s’enfilent telle une partition énigmatique aux accords, tout sauf parfaits, parfois empreints de folie sauvage.

LA DISSONNANTE sonne juste.

Mots choisis, sentiments mêlés.

Une fin nébuleuse obscurcit, très légèrement, ce premier jet inspiré.

Pour quand le second roman ?

Marie-Agnès Girault – de Francqueville

 

 

Et si on lisait… L’EMPALEUR DES CARPATES de Benoît Le Gall

 Un titre à faire pâlir…

Un style direct, assurément très agréable à lire.

Plongez au cœur d’une enquête policière menée tambour battant en Europe, d’Ouest en Est.

Du livre de Dracula au château de Bran, et au fil d’anagrammes révélatrices, l’étau se resserre.

Une jolie plume d’écriture qui coule tel un ruisseau limpide.

Un auteur talentueux à découvrir.

Belle lecture.

 

Et si on lisait… L’Adversaire d’Emmanuel Carrère

 

Je me plonge dans ce livre dont le sujet ne laisse personne insensible.

Je ne l’ai pas acheté. Des amis nous l’ont offert.

Savaient-ils que nous étions de fervents amateurs d’émissions criminelles?

Je rejoins l’auteur, Emmanuel Carrère, dans sa quête, nullement voyeuriste, de comprendre ce qui a pu faire basculer un homme dans la peau d’un « monstre ».

Souvenez-vous, l’affaire Jean-Claude Romand !

Cet homme ment à toute sa famille, ses amis, pendant dix-huit interminables années. Il se dit médecin mais passe en réalité des heures dans les bois ou les parkings d’autoroute. Invraisemblable, et pourtant… Il ment bien, très bien. Personne ne voit la faille. Jusqu’au jour où son armure prête à se fracasser, il décide de tuer femme, enfants et parents pour ne pas avoir à avouer son mensonge, et sans doute, pour ne pas les décevoir et devoir affronter leurs regards ahuris, abasourdis, effarés… Lui auraient-ils pardonné ? Ils n’ont plus eu la parole. Jean-Claude avait décidé à leur place.

La faille ? Peut-être dans cet extrait :

« Il dit que sa mère se faisait du souci, à tout propos,  et qu’il a tôt appris à donner le change pour qu’elle ne s’en fasse pas davantage. (…) Tout devait toujours aller bien, sans quoi sa mère irait plus mal et il aurait été ingrat de la faire aller plus mal pour des broutilles, de petits chagrins d’enfant. Mieux valait les cacher. »

Terrible enfance qui nous formate pour le reste de notre vie…

En lisant ce combat entre Satan, l’Adversaire, et Dieu, l’auteur nous emmène au tréfonds de la Foi.

Romand se confie :

« Après l’accablement le plus terrible, mes larmes n’étaient plus de tristesse, mais l’effet d’un feu intérieur et de la Paix profonde que donne la certitude d’être aimé. »

Choquant, troublant, mystérieux, ce livre laisse perplexe, incrédule.

Seule vérité, le mensonge agit telle une vermine.