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Un nouveau métier : Biographe Hospitalier

UN NOUVEAU MÉTIER :

BIOGRAPHE HOSPITALIER

En 2007, l’équipe soignante du service d’oncologie-hématologie de l’hôpital Louis-Pasteur de Chartres et Valéria Milewski, biographe hospitalier, proposent aux personnes gravement malades de se raconter. Ensemble, ils créent l’association « Passeur de mots, passeur d’histoires ». Le récit de vie est offert aux personnes biographiées ou un proche désigné sous forme d’un très beau livre d’art. Des formations sur trois jours sont proposées pour mieux appréhender cette nouvelle démarche. Deux prérequis sont nécessaires pour cette formation : être l’auteur de deux biographies (a minima) et être soignant ou bénévole auprès des personnes gravement malades. Journalistes, écrivains biographes, soignants et bénévoles accompagnants de la fin de vie sont autant de candidats aptes à cet enseignement.

Deux journées parisiennes permettent d’expliquer et de détailler la rencontre avec la personne malade, la méthode de retranscription, l’attitude du biographe, la philosophie de la biographie hospitalière, ses vertus, ses différents lieux d’exercice et ses bénéficiaires. La troisième journée se passe dans le service de Valéria Milewski à Chartres. Le groupe de formation (quatre personnes environ) rencontre l’équipe soignante et le chef de service, lui-même président de l’association « Passeur de mots ». Une personne biographiée accepte parfois de témoigner de la rédaction de son livre. L’accent est enfin mis sur le déroulement des entretiens, la Charte éthique et la définition du projet du futur biographe hospitalier. À ces trois jours s’adjoignent un suivi, une mise en réseau, une réflexion collégiale et des journées régionales de formation continue.

Lire à ce sujet l’entretien avec Valéria Milewski pour le magazine infirmier ActuSoins :

https://www.actusoins.com/320482/biographie-hospitaliere-ecrire-la-vie-des-patients-pour-quils-se-sentent-mieux.html

D’une expression à l’autre : Se réduire comme une peau de chagrin

Notre expression du jour n’a point de chagrin en larmes mais du chagrin en cuir.

« Se réduire comme une peau de chagrin » évoque toute chose qui diminue sans relâche et tend à disparaître.

« Nos espoirs de retrouvailles se réduisent comme une peau de chagrin au fil des minutes assassines. »

Et même si l’espoir déçu fait verser des larmes, notre peau de chagrin, elle, a le cuir dur.


Remontons au XVIe siècle pour déchiffrer l’étymologie de notre chagrin.

C’est au mot turc sagri que nous devons nous raccrocher. Il désigne la croupe d’un animal, pour autant dire son postérieur.

Par métonymie ou glissement de sens, la croupe s’étend à la peau bestiale, surtout celle de l’âne ou de la mule.

Ainsi naît la « peau de sagrin » qui se transforme à l’usage du parler populaire en « peau de chagrin ».

Douée d’élasticité et de solidité, cette peau, sorte de cuir, sert à la confection de tambours, de chaussures et de reliures de livres.

Tout d’abord mouillée, puis étirée, la peau de chagrin recouvrant un tambour rétrécit en séchant.

Par cette formule, la langue française s’inspire tout naturellement de ce phénomène physique.

 

 Notre billet littéraire pourrait s’achever là.

Or notre expression prend son envol par la plume de Balzac qui, en 1831, publie un conte philosophique et fantastique,

LA PEAU DE CHAGRIN.

Raphaël de Valentin, très pauvre orphelin, vit hanté par l’écriture de sa grande œuvre, la « Théorie de la Volonté ».

Découragé, il veut en finir avec son existence lorsqu’il rencontre un étrange antiquaire qui lui fait cadeau d’une peau de chagrin.

Balzac Peau de chagrin

– Retournez-vous, dit le marchand, en saisissant tout à coup la lampe

pour en diriger la lumière sur le mur qui faisait face au portrait,

 et regardez cette Peau de Chagrin, ajouta-t-il.

Des paroles mystérieuses sont incrustées dans la peau merveilleuse.

Extrait-de-La-Peau-de-chagrin-p-117

Ce talisman offre à son porteur le pouvoir magique d’exaucer ses vœux.

Seulement, à chaque fois qu’un désir se réalise, la peau vient à rétrécir tout en rongeant la vie de son propriétaire jusqu’à sa mort inéluctable.

Le vieil homme dit gravement:

Le mot de sagesse ne vient-il pas de savoir?

Et qu’est-ce que la folie, sinon l’excès d’un vouloir ou d’un pouvoir?

Eh! bien, oui, je veux vivre avec excès, dit Raphaël en saisissant la Peau de chagrin.

Jeune homme, prenez garde, s’écria le vieillard avec une incroyable vivacité.


Balzac met en lumière l’ampleur du paradoxe entre la volonté et le destin,

entre une vie merveilleuse mais courte ou une vie modeste et longue.

Raphaël, lui, a fait son choix, celui de la passion.

Et sa vie s’amenuise comme sa peau de chagrin.


Marie-Agnès Girault-de Francqueville

D’une expression à l’autre : Réduire à sa plus simple expression

« Réduire à sa sa plus simple expression »

 

Du français aux maths, il n’y a qu’un pas. En voici la preuve par cette expression très expressive !

Cette formule se rapportait à l’origine à l’expression mathématique la plus simple d’une fraction d’un rapport.

Ainsi Euclide, ce mathématicien de la Grèce antique, auteur d’éléments de mathématiques, posait ce problème:

« Réduisez à sa plus simple expression cette fraction : 45/25 » Il fallait alors simplifier ce rapport entre deux chiffres en trouvant un même diviseur.

45 et 25 étant divisibles par 5, nous obtenions alors le rapport simplifié de 9/5. C’était simple, il fallait juste le comprendre.

De nos jours, cette valeur originelle n’est pas conservée, et l’expression mathématique est substituée par l’expression française dans son sens général.

Ainsi ce professeur de français expliquera à ses élèves attentifs que cette consigne de « réduire à sa plus simple expression » tend à résumer à l’extrême, ou à réduire à la forme élémentaire.

Il prendra l’exemple de la phrase minimale constituée des éléments grammaticalement essentiels. Il leur demandera de réduire à sa plus simple expression ce passage du Petit Prince de Saint-Exupéry : « Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à un exemplaire dans les millions et les millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde. Il se dit: « Ma fleur est là quelque part… » Mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient ! Et ce n’est pas important ça ! »

L’élève du premier rang s’empressera de répondre : – Ça suffit. Il dit : « Ma fleur est. » C’est. Ce n’est pas.

Et l’élève du fond de sa classe se lèvera et dira : – Oui, mais cela ne veut plus rien dire… Ce n’est plus Le Petit Prince.

Juste une mise au point sur la nouvelle orthographe

 

« Juste une mise au point sur les plus belles images de ma vie… »

Reprenant le tube de l’été 1983 chanté par Jackie Quartz, je m’adresse à tous les écoliers, collégiens, lycéens, étudiants, enseignants, correcteurs, écrivains, citoyens de langue française, pour faire un gros plan sur la nouvelle orthographe adoptée en 1990 à l’unanimité par le Conseil supérieur de la langue française et l’Académie française. Sachez que l’emploi de la nouvelle orthographe (ou orthographe moderne ou bien encore orthographe rectifiée) est recommandée, mais non imposée. Sa raison d’être consiste en une volonté de simplification de nombreuses difficultés [Ex. traits d’union des nombres, accent circonflexe supprimé sur i et u], de régularisation pour supprimer des incohérences [Ex. pluriel des noms composés et des mots empruntés, mots en -olle et -otter], d’uniformisation de la graphie [Ex. verbes en -eler ou -eter, participe passé de laisser], de conformité à la prononciation [accent grave phonétique, déplacement du tréma sur le u] et de clarification de situations équivoques. Dans l’enseignement et dans la correction, aucune des deux orthographes – ni l’ancienne ni la nouvelle – ne peut être considérée comme fautive. Autrement dit, faites votre choix. 

Une mise au point en dix zooms 

[L’orthographe ancienne ou traditionnelle ou encore non rectifiée sera mise entre parenthèses dans les exemples.]

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Les numéraux composés (les nombres) sont systématiquement reliés par des traits d’union. 

Ex. vingt-et-un (vingt et un ), un-million-cent (un million cent), trente-et-unième (trente et unième), mille-deux-cent-trente-huit (mille deux cent trente-huit).

 

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 Dans les noms composés avec trait d’union du type pèse-lettre (verbe+nom) ou sans-abri (préposition+nom), le second élément prend la marque du pluriel seulement et toujours lorsque le mot est au pluriel. La nouvelle orthographe a fait ici le choix du respect de la morphologie (la forme) plutôt que de la sémantique (le sens).

Ex. un compte-goutte, des compte-gouttes (un compte-gouttes, des compte-gouttes) – un après-midi, des après-midis (un après-midi, des après-midi) – un sans-papier, des sans-papiers (un sans-papiers, des sans-papiers), un sèche-cheveu, des sèche-cheveux (un sèche-cheveux, des sèche-cheveux), un cure-ongle, des cure-ongles (un cure-ongles, des cure-ongles), des gratte-ciels (des gratte-ciel), des abat-jours (des abat-jour), des brise-glaces (des brise-glace), des abaisse-langues (des abaisse-langue). 

 

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On emploie l’accent grave plutôt que l’accent aigu dans certains mots pour les régulariser, au futur et au conditionnel des verbes comme « céder » et dans les formes du type « puissè-je ».

On met un accent aigu sur le « e » des mots qui en étaient dépourvus jusqu’à maintenant, lorsque cet « e » se prononce « é ».

Ex. évènement (événement), règlementaire (réglementaire), règlementation (réglementation), cèleri (céleri), je cèderai (je céderai), ils règleraient (ils régleraient), aimè-je (aimé-je), 

révolver (revolver), asséner (assener), réfréner (refréner), sénestre (senestre), placébo (placebo), mémento (memento), diésel (diesel), référendum (referendum).

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L’accent circonflexe disparait sur i et u, car il ne joue aucun rôle phonétique. On le maintient néanmoins dans les terminaisons verbales du passé simple, du subjonctif, et dans cinq cas d’ambigüité (les adjectifs masculins singuliers dû, mûr et sûr, le nom jeûne(s) et les formes de croitre (je croîs, tu croîs, il croît…) qui, sans accent, se confondraient avec celles de croire. 

Ex. cout (coût), piqure (piqûre), fut (fût, le tonneau), buche (bûche), bruler (brûler), surement (sûrement), aout (août), boite (boîte), chaine (chaîne), entrainer, nous entrainons (entraîner), paraitre, il parait (paraître, il paraît).

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Les verbes en -eler ou -eter se conjuguent comme « peler » ou « acheter » sauf appeler, jeter et leurs composés. Les dérivés en « -ment » suivent les verbes correspondants, par souci d’uniformisation.

Ex. j’amoncèle (j’amoncelle), amoncèlement (amoncellement), tu époussèteras (tu époussetteras), il allègera (allégera), allègement (allégement), je ruissèle (je ruisselle), ruissèlement (ruissellement), je nivèle (je nivelle), tu feuillètes (tu feuillettes), mais j’appelle, tu jettes, il interpelle.

 

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Les mots empruntés (à d’autres langues) forment leur pluriel  et sont accentués comme les mots français. On parle alors de pluriels francisés.

Ex. des matchs (des matches), des miss (des misses), un révolver (un revolver), un référendum (un referendum), des maximums (des maxima), des aliments cachers ou cashers ou kaschers (des aliments cacher), des adagios (des adagio), des sandwichs (des sandwiches).

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La soudure s’impose dans certains mots composés avec les préfixes contre-, entre-, extra-, infra-, ultra-, des éléments savants tels que hydro-, socio-, dans les onomatopées (création de mot par imitation phonétique de l’être ou de la chose désignés; ex. coucou, tictac) et dans les mots d’origine étrangère.

Ex. contrappel (contre-appel), contrecourant (contre-courant), contrattaque (contre-attaque), contrecœur (contre-cœur), entretemps (entre-temps), entredeux (entre-deux), s’entretuer (s’entre-tuer), extraterrestre (extra-terrestre), extrafin (extra-fin), infrarouge (infra-rouge), ultraplat (ultra-plat), ultrachic (ultra-chic), hydroélectricité (hydro-électricité), socioanalyse (socio-analyse), socioculturel (socio-culturel), socioéducatif (socio-éducatif), agroalimentaire (agro-alimentaire), agrotourisme (agro-tourisme), tictac (tic-tac), cuicui (cui-cui), coincoin (coin-coin), weekend (week-end), portemonnaie (porte-monnaie), piquenique (pique-nique), pinpong (ping-pong), hautparleur (haut-parleur), babysitting (baby-sitting). 

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Les mots anciennement en -olle et les verbes anciennement en -otter s’écrivent avec une consonne simple, sauf colle, folle, molle, crotte, hotte, botte. C’est ici une volonté de supprimer des incohérences.

Ex. corole (corolle) comme bestiole, frisoter, frisotis (frisotter, frisottis), mangeoter (mangeotter) comme neigeoter, balloter (ballotter), parlote, parloter (parlotte, parlotter).

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Le tréma est déplacé sur la lettre u prononcée dans les suites -güe et -güi et est ajouté dans quelques mots. Le tréma devient un révélateur fidèle de la prononciation.

Ex. aigüe (aiguë), ambigüe (ambiguë), exigüe (exiguë), contigüe (contiguë), cigüe (ciguë), ambigüité, contigüité, exigüité (ambiguïté, contiguïté, exiguïté), argüer (arguer), mangeüre (mangeure), vergeüre (vergeure), rongeüre (rongeure), gageüre (gageure). 

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Le participe passé de « laisser » suivi d’un infinitif est invariable comme celui de « faire ».

Ex. Elle s’est laissé maigrir (Elle s’est laissée maigrir). Je les ai laissé partir (Je les ai laissés partir). Elles se sont laissé tomber (Elles se sont laissées tomber).

En marge de ces dix zooms, on peut dresser une liste non exhaustive d’anomalies supprimées :

absout, absoute, dissout, dissoute (absous, absoute, dissous, dissoute)

appâts (appas, charmes physiques féminins), bizut (bizuth, élève de première année ou novice), levreau (levraut), nénufar (nénuphar), ognon (oignon), pagaille (pagaïe ou pagaye), cuisseau (cuissot), ponch (punch), sconse (skons ou skuns, fourrure de la moufette), relai (relais), tocade (toquade), ventail (vantail), douçâtre (douceâtre), déciller (dessiller, au sens figuré s’ouvrir en parlant des yeux)

♦ assoir, messoir, rassoir, sursoir (asseoir, messeoir, rasseoir, surseoir)

♦ bonhommie (bonhomie), innommé (innomé), prudhommal (prud’homal)

♦ charriot, charriotage, charrioter (chariot, chariotage, charioter), chaussetrappe (chausse-trape, piège à renard et autres animaux)

boursoufflure (boursouflure), persifflage (persiflage)

♦ dentelier (dentellier), prunelier (prunellier), lunetier (lunettier)

♦ saccarine (saccharine), sorgo (sorgho), guilde (ghilde ou gilde, organisation de solidarité regroupant le plus souvent des marchands, artisans ou artistes) 

♦ cahutte (cahute), sottie (sotie, farce satirique médiévale), embattre (embatre, cercler une roue par embattage), combattif (combatif)

♦ exéma, exémateux (eczéma, eczémateux)

♦ imbécilité (imbécillité), interpeler, j’interpelle, nous interpelons (interpeller, j’interpelle, nous interpellons)

joailler (joaillier), quincailler (quincaillier), serpillère (serpillière)

♦ La forme la plus francisée d’un mot sera privilégiée : leadeur plutôt que leader, bouledogue préféré à bulldog, cédérom pour CD-ROM, rosbif plutôt que roastbeef.

Munie d’objectifs de mise au point, j’espère vous avoir transmis une photographie de l’orthographe moderne plus nette dans ses contours qu’auparavant. Il vous reste ce trésor, ô combien précieux, qu’est la liberté de choisir la graphie qui vous conviendra le mieux en lien avec votre logique personnelle.

liberte de choisir

À la pêche aux mots, Première.

 Écrire Ensemble vous propose une première partie de pêche… aux mots.

Des mots qui n’existent pas,  des mots découverts sous les rochers, de drôles de mots, de vieux mots, des mots à la mode…

Escarpolette : nom féminin vieilli, « Siège suspendu par deux cordes sur lequel on se place pour se balancer ; balançoire. »

Lascif : adjectif du latin lascivus, « Qui évoque les plaisirs de l’amour ; voluptueux, sensuel. » Ex. une danse lascive. 

⇒ Lascivement, adverbe, « De façon lascive. »

⇒ Lascivité ou lasciveté, nom féminin soutenu, « Penchant, caractère lascif ; sensualité. »

 Au débotté : expression littéraire. « À l’improviste ; sans préparation, de façon inattendue. » Ex. Prendre quelqu’un au débotté.

Débotté, nom masculin vieilli, « Moment où l’on quittait ses bottes. »

Débotter, verbe, « Retirer ses bottes à quelqu’un. »

 Hâbleur, hâbleuse : adjectif et nom soutenu, de l’ancien français hâbler, se vanter, « Qui aime à vanter ses mérites ; fanfaron. »

Hâblerie, nom féminin soutenu, « Caractère, propos de hâbleur ; vantardise. »

Hâbler, verbe, « Se vanter par des discours interminables. »

 Candidater n’existe pas, mais on l’utilise quand même !

On peut s’en étonner, car il remplacerait « se porter candidat » ou « poser sa candidature ».

Candidat et candidature existent bien, eux.