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DEUX PETITS PAS SUR LE SABLE MOUILLÉ d’Anne-Dauphine Julliand

Ce livre est un témoignage qui vous prend aux tripes. Dès qu’il s’agit d’enfants malades, c’est inévitable.

La maman raconte la découverte et l’évolution de la maladie de sa fille Thaïs, alors âgée de deux ans.

C’est une maladie orpheline incurable détruisant pas à pas le système nerveux.

Enceinte de son troisième enfant, Anne-Dauphine revit la même épreuve.

Malgré le sort qui s’acharne, les parents de Thaïs lui promettent de l’accompagner et de l’aimer en ajoutant de la vie aux jours quand on ne peut plus ajouter de jours à la vie.

Paru en mars 2011, Deux petits pas sur le sable mouillé reçoit le prix Paroles de patients en octobre 2011 ainsi que le prix Pèlerin du témoignage en 2013.

Véronique Lerebours – Girault

Et si on lisait… Chanson douce de Leïla Slimani, prix Goncourt 2016.

Les prix Goncourt me font peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne rien comprendre, peur de ne pas savoir décrypter autant de références littéraires, peur de ne pas aimer aussi.

Mais cette Chanson douce, je l’avais choisie cet été, bien avant ce jeudi 3 novembre de la remise du prix. Une sympathie pour son auteur, un titre rassurant. Une rentrée littéraire prometteuse, c’est tout. Je l’avais feuilletée. Mais là, je m’y suis plongée et j’ai aimé, beaucoup. Un prix Goncourt simple à lire, accessible, ça existe. Et pourtant, cela commence mal, très mal. Je ne peux lire que le premier paragraphe. Ma sensibilité à fleur de peau, mue par mon histoire personnelle, ne peut se mesurer au talent de Leïla Slimani. Je triche, et passe au chapitre suivant où le tragique laisse place au récit, léger, facile, anodin presque. Oui, je ne relirai cette description du drame qu’après avoir partagé la dernière ligne : « Les enfants, venez. Vous allez prendre un bain. »  Et tout prendra sens.

Or du sens, il est ardu d’en trouver. La folie a-t-elle du sens ? Peut-on la défendre ? Dans un roman, tout est permis. Je m’attache à Louise, je la plains et l’envie, tout à la fois. Elle donne de soi, mais n’en reçoit jamais assez. Elle élabore une solution, sa solution : « Un nourrisson qui les tiendrait tout près les uns des autres, qui les lierait dans un même élan de tendresse. Qui effacerait les malentendus, les dissensions, qui redonnerait un sens aux habitudes. Ce bébé, elle le bercerait sur ses genoux pendant des heures, dans une petite chambre à peine éclairée par une veilleuse sur laquelle des bateaux et des îles tourneraient en rond… Les jours d’abattement succèdent à l’euphorie. Le monde paraît se rétrécir, se rétracter, peser sur son corps d’un poids écrasant. Paul et Myriam ferment sur elle des portes qu’elle voudrait défoncer. Elle n’a qu’une envie : faire monde avec eux, trouver sa place, s’y loger, creuser une niche, un terrier, un coin chaud. Elle se sent prête parfois à revendiquer sa portion de terre puis l’élan retombe, le chagrin la saisit et elle a honte même d’avoir cru à quelque chose. »

Lire jusqu’au délire, voilà où nous emmène l’auteur. Comme le dit si bien ma fille, Leïla Slimani a la « pression » pour son troisième roman !

L’horizon à l’envers de Marc Levy

Les Français auraient un goût éclectique en matière de lecture entre auteurs littéraires et populaires.

Et pour ces derniers, la critique éditoriale est parfois venimeuse.

Le plaisir de lire demeure pour moi le meilleur juge-arbitre. Ouvrir une page, puis une autre, sans pouvoir en décrocher son regard. Se projeter dans un univers qui nous échappe dans sa rationalité. Ne plus être joignable. En oublier de se nourrir ou même de dormir pour se consacrer corps et âme à notre bouquin dévastateur. En oublier un peu les jolies phrases et la poésie. Se laisser dévorer par des mots alignés les uns aux autres, créant ainsi une alchimie envoûtante. Abandonner ses enfants à leur oisiveté. Lire, c’est suspendre son précieux temps. C’est aussi prendre le temps, c’est vivre enfin au présent dans un passé ou un futur façonné par son auteur.

L’horizon à l’envers, c’est un peu cela lire. Et Marc Levy nous y emmène.

Flirtant avec les avancées neuroscientifiques, trois étudiants se consacrent à la modélisation informatique du cerveau et de sa conscience. Atteinte d’une tumeur au cerveau, Hope fait perdre à ses deux compères les limites déontologiques liées à la recherche. Les émotions et les souvenirs numérisés d’un être humain peuvent alors réapparaître dans un corps en sommeil. L’horizon défie ainsi son infini laissant le champ libre à cet adage : « Rien n’est plus imminent que l’impossible. » Surgit alors de nulle part Melly, une pianiste virtuose. Et le livre recommence…

Non, pas trop de poésie à l’horizon. Oui, une histoire bleuette. Peu importe… Je suis saisie dès la première ligne, je me prends à rêver de cette magie de la science. Me voilà embarquée sans trop comprendre le lien entre ces deux histoires. Quand enfin, tout s’éclaire, l’émotion est palpable. La vérité fait mal et laisse à l’impossible son temps du bonheur. N’attendez plus, lisez.